Ikea propose des logements "durables" en kit pour les réfugiés
http://www.france24.com/fr/20130627-ikea-logements-durables-kit-refugies-abri-camps-ethiopie-irak-liban-humanitaire-unhcr
© Capture d'écran - Ikea
La fondation de la multinationale suédoise du mobilier en kit Ikea vient de dévoiler le premier prototype de logement "durable" à monter soi-même pour les réfugiés et déplacés qui vivent dans des camps.
Par Sébastian SEIBT (texte)
Ikea va mettre un pied au Liban, en Irak et en Éthiopie. Mais pas grâce aux grands magasins qui ont fait la fortune et la renommée du spécialiste suédois du mobilier à monter soi-même. La multinationale s’intéresse, en fait, à une population très particulière : les réfugiés obligés de vivre dans les camps à travers le monde.
La fondation du groupe a dévoilé le 20 juin, Journée mondiale des réfugiés, son prototype de logements en kit destinés à remplacer les tentes qui servent très souvent de toit de fortune. Ces habitations, dont 25 ont déjà été envoyées avec le soutien du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dans les camps de Dollo Ado (Éthiopie), se veulent plus durables et confortables que les tentes.
“Elles sont mieux adaptées à l’environnement [des camps] et au climat,” assure Paul Spiegel, un représentant de l’UNHCR. Les murs de ces abris sont composés de matériels légers destinés à isoler de la chaleur et du froid et le toit est muni de panneaux solaires permettant de fournir de l’électricité à ces habitations.
Mais surtout, Ikea assure que ces logements ont été conçus pour durer au moins trois ans. Une longévité qui n’a rien à voir avec celle des tentes, qui “sous l’impact du soleil et de la pluie, ne tiennent pas plus de six mois en moyenne”, avance le groupe suédois. Une résistance qui peut faire toute la différence pour des populations qui sont condamnées, d’après l’UNHCR, à vivre en moyenne 12 ans dans les camps de réfugiés.
45 millions de réfugiés
Cette nouvelle solution "made in Ikea" ne va cependant pas changer du jour au lendemain le quotidien des réfugiés du monde entier. D’abord, parce que la cinquantaine d’abris qui sont actuellement expédiés dans les trois pays-tests ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il y a aujourd'hui environ 45 millions de réfugiés dans le monde, dont plus de 3,5 millions sont obligés de vivre sous des tentes. Ensuite, parce que ce ne sont que des prototypes et que le groupe attend de connaître les premiers retours pour “évaluer l’opportunité d’une production à grande échelle de ces unités de logement”. Les logements définitifs devraient coûter 1 000 dollars l'unité, d’après la chaîne américaine CNN.
Reste que pour un budget de 3,5 millions d’euros, cette opération pour venir en aide aux réfugiés est aussi une bonne affaire pour l’image d’un groupe qui a dû faire face à plusieurs polémiques ces derniers temps. Le géant suédois a ainsi été soupçonné en France d’espionner ses salariés en février 2012 et il a reconnu, en novembre 2012, avoir profité du travail de prisonniers politiques dans ces centres de production à l’époque de l’Allemagne de l’Est.
Le développement de logements durables pour les réfugiés est d’autant plus important pour la marque que, comme le rappelle le "Wall Street Journal", “Ikea a fait face par le passé à des pressions pour être plus actif sur le front des œuvres de charité car le groupe est détenu par Ingka qui est inscrite comme une fondation charitable d’après le droit suédois”.